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Les mots de Maître Parkane
17 février 2009

Derrière les pitres

Le pouvoir français, je ne parle ici ni du gouvernement, ni du premier ministre, ni même du président, mais du pouvoir économico-militaro-policier, - je sais que ce genre d'enchaînement adjectivo-néologico-enapparencefourretoutiste peut faire sourire, mais l'humour n'est-il point la politesse du désespoir ? -, en tout cas ce pouvoir-là a décidé de faire de la situation en Guadeloupe une expérience de laboratoire, rien ne se prêtant mieux qu'une île à l'analyse précise du déroulement d'évènements sciemment provoqués.
Comme les armées qui ont régulièrement besoin d'expérimenter sur le terrain d'un conflit réel l'efficacité de la dernière génération d'armements, - guerre du Golfe, guerre de Yougoslavie, guerre d'Irak, guerre en Afghanistan, guerre de Gaza, - les pouvoirs ont aussi besoin de mettre à jour leurs connaissances et leurs stratégies en ce qui concerne l'évolution de la réactivité, de la résistance, voire de la force morale et de la cohésion d'une population donnée, population qui à partir de telle situation sociale, mène sa lutte avec tels moyens de communication et de mobilisation, pour faire entendre tel type de revendication.
guadeLes stratèges de la répression intérieure des pays du monde entier, doivent observer avec un intérêt jubilatoire la Guadeloupe et la mise en scène que leur offre le pouvoir français par l'intermédiaire de son gouvernement fantoche.
En effet, les chefs de toutes les polices, comme les généraux de toutes les gardes nationales du monde, s'attendent à une aggravation radicale de la situation économique et se préparent par conséquent à l'éclatement de mouvements revendicatifs, de grèves ponctuelles ou générales, d'émeutes et de révoltes dans leurs pays respectifs.
Suivons donc le regard de ces bourreaux en herbe et revenons à la Guadeloupe.
Dans un premier temps, et bien qu'il soit faux de parler de grève générale puisqu'il s'agit d'un mouvement limité à une partie du territoire national, le gouvernement, donc les médias, n'ont de cesse d'employer le terme de "grève générale", dans le but évident de montrer à tous les français les horreurs d'un tel mouvement. Ils sont, dans cette guerre sémantique, soutenue depuis des années par tous les chefs syndicalistes qui réfutent systématiquement le recours à ce moyen de lutte.
Mais pendant plus d'un mois, la population de l'île, il faut bien le reconnaître, et cela tient certainement à la spécificité du maillage social et des mécanismes de solidarité sauvegardés dans la société guadeloupéenne, survit malgré la pénurie, supporte les difficultés de la vie de tous les jours, et surtout ne tombe pas dans le piège de la violence.
Malgré les provocations grossières d'un secrétaire d'état flanqué de deux "médiateurs", malgré l'absence totale de déclaration d'un président, le pouvoir a dû lui suggérer fermement de la fermer et de jouer le mépris, on pouvait avoir de la métropole l'agaçante et dangereuse impression d'un mouvement sûr de lui qui n'était pas prêt de tomber dans les pièges tendus par le pouvoir. Car celui-ci a maintenant le besoin absolu de transformer la grève en émeute.
Ceci pour au moins trois raisons :
Pour montrer aux français que ce n'est pas la peine de se laisser tenter, même en rêve, par les sirènes de la nouvelle gauche.
Pour montrer aux forces vives de l'économie internationale que les discours d'un certain président qui prétend vouloir réguler le capitalisme sont du pipeau et qu'il est hors de question d'imposer quoi que ce soit même à une entreprise en situation effective de monopole sur un territoire aussi limité que la Guadeloupe.
Pour permettre aux gendarmes mobiles, comme nous l'avons laissé entendre plus haut, de parfaire leur expérience en matière de matraquage de manifestants un peu plus costauds que ces gringalets d'étudiants métropolitains, et, avec un peu de chance, de guérilla urbaine bien chaude.

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Commentaires
N
Au carnaval qui s'annonce Sarkozy a proposé d'accompagner les Ka en jouant du pipeau.
O
waou, "qu'est ce que tu bois doudou dis donc !"...<br /> Pardon mais il y à quelques commentaires de ça je disais, à contre courant il est vrai, : c'est les héritiers de Barre (bon danseur de danse créole du reste) et de hayek et non l'étatisme médiatico-économique qui s'agite en coulisse, voilà que quelques verres de rhum vous rendent à cette évidence.Dont acte.<br /> Là où vous avez vu juste c'est que même des forces de gauches sont séduites toujours en coulisse par ces anciennes nouvelles théses.<br /> Sinon l'analyse est plus freudienne que sociologique.
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